De nulle part et d'ailleurs

Maintenant que vous me lisez depuis longtemps – ceux qui viennent d’arriver se mettent au fond et font comme s’ils étaient là depuis le début – vous connaissez mon manque d’intérêt pour la Chanson Française. Oui celle avec les majuscules, celle qui a beau être mineure mais se donne des airs de grande dame. C’est pas ma faute, c’est à cause de mes parents qui plutôt que de célébrer James, Jimmy ou Bob ont préféré communier avec Jacques, Georges et Léo. Donc, en bon fils mal éduqué, j’ai fait le contraire. Et puis, comme d’autres, je suis tombé sur LoJo qui, à l’époque était encore affublé du supplétif Triban. Un groupe étonnant conduit par un personnage qui l’est tout autant, un certain Denis Péan. D’abord, la musique. Rien de minimaliste au contraire des sons et des instruments issus des quatre coins du monde pour des compositions construites comme des voyages.

Ensuite des textes comme des invitations poétiques qui naviguent entre plaisance bucolique et hautes mers ténébreuses. Un groupe, un chanteur et surtout un univers, c’est en résumé ce qui caractérise LoJo. Sous titré Chansons apatrides, ce nouvel album ne déroge pas à ce qui est devenu une règle dans la carrière du groupe angevin : se réinventer à chaque fois en restant fidèle à ce qui fait la singularité du groupe. Sur Cosmophono - un joyeux néologisme qui ne demandait qu’à naître - Péan et sa bande nous transportent une fois de plus au large, des Balkans jusqu’au Caraïbes, de Verlaine jusqu’aux Last Poets. N’attendez pas que je vous indique une direction plus spécifique, un sens précis, car ce serait immanquablement raté l’essentiel de cette tribu–là. Par contre, vous pouvez être au rendez-vous qu’elle vous donnera sur scène prochainement.