Môm'en Mai

L'instigateur, c'est Ali Boukacem, du centre culturel de Grenay, ancien travailleur social, « je ne suis pas du sérail culturel », qui, après quelques années de bougeotte, revient dans sa ville natale. Pour lui, « la démocratisation culturelle n'est pas un concept », dans une ville de 6 000 habitants, dont 30% paient des impôts, secteur sinistré, animé depuis bientôt 10 ans par ce centre culturel, « volonté politique forte », à la programmation éclectique. Théâtre, danse, vidéo, musique, « et du patois, parce que l'on n'oublie pas nos racines », la programmation touche pour plus de 50% les Grenaysiens, des personnes de l'agglomération, et même de Lille : « dépassons les freins de la métropolisation, le Bassin Minier existe aussi ! 300 000 habitants, 11 salles de spectacles, une densité importante » se réjouit Ali Boukacem, qui souhaite « former le spectateur dès le plus jeune âge », d'où une programmation jeune public très riche, et largement appréciée par les élèves de la commune, trois ou quatre fois par an : « un gamin en maternelle en 2001, aujourd'hui au collège, aura eu l'occasion de découvrir pas moins de 30 spectacle », chapeau ! « Ce n'est pas rien pour la structuration des citoyens de demain dans une zone défavorisée », où les gens partent peu en vacances, qu'à cela ne tienne, notre centre culturel propose des spectacles en pagaille! Et, donc, le festival Môm'en Mai, avec les comparses de la Maison de l'Art et de la Communication de Sallaumines et le Centre Arc en Ciel de Liévin, voit le jour il y a deux ans, continuité d'un partenariat de longue date, sur la communication, la médiation, l'accueil de compagnies en résidence et le soutien à la création. Et bientôt une billetterie commune ! « À notre échelle, nous essayons de structurer le territoire. Le projet culturel de l'Arc en Ciel se retrouve à la MAC et à Grenay, les marionnettes de la MAC, à Liévin et Grenay. Quant à moi, je programme ce festival jeune public », avec des belles surprises, 8 compagnies professionnelles, surtout régionales, comme La Manivelle théâtre, habituée du lieu, mais aussi des découvertes, « mon boulot, c'est d'aller à la recherche de spectacles originaux et percutants ». Ainsi, Immo, Allemand allumé du cirque musique. On enchaîne avec le bien connu Bruno Lajara, et son projet avec le non moins célèbre Dominique Sampiero (respectivement metteur en scène et écrivain) et leur émouvant spectacle, sensible, P'tite mère. Pour les tous petits, la poésie d'Une lune entre deux maisons ne cache pas l’interrogation autour du droit à la différence, ou, pourquoi ériger des miradors entre nos maisons ? « Aller au devant de l'autre, le théâtre sert aussi à cela ! », et quel que soit l'âge du spectateur. D'ailleurs, Los Figaros est le choix des ados du centre d'animation jeunesse, formés aux questions techniques de la réalisation d'un spectacle, communication, médiation, réalisation, administration, programmation, et plein de mots en -tion, bagages pour aller en Avignon, une semaine, choisir trois spectacles, ensuite programmés à Grenay. Vous suivez ? Los Figaros, réinventant Roméo et Juliette avec fraîcheur, ont reçu les faveurs de nos ados. Quant aux bout de choux, dès 2 ans, ils s’émerveilleront devant Senso tempo, douceur, couleurs, danseurs. Enfin, L'Ogrelet, brrrrr, tremblez ! Le festival en deux mots : « Volonté de proposer à tous les âges, à tous les goûts. Une semaine d'énergie à des tarifs accessibles (très accessibles – ndlr). Des spectacles professionnels, exigeants, moments de poésie et de douceur, et questions un peu plus dures aussi. » Un festival qui donne des frissons d'émotions.